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Dans la tête de… ? Hervé Kercret

Interview de Hervé Kercret, Coach et Formateur. Février 2021.

Bonjour Hervé, tu veux bien te présenter ?

Entre Globe Trotteur et Alchimiste, avec deux points communs :  l’ouverture vers l’autre et la création de valeurs.

Tu m’as dit que tu avais des choses à dire sur les réseaux sociaux ?

Oui. Lorsque je prends la parole sur un réseau social, c’est pour partager du contenu « frais » et non pas pour republier ce que j’ai vu ailleurs. Je m’exprime sur des sujets que je connais sur lequel j’ai envie d’apporter une information à mon réseau, avec mon regard qui est forcément différent de celui d’un autre.

Tu fais partie de la minorité des créateurs de contenus.

En ce moment, je m’exprime beaucoup sur mon nouveau métier qui me plaît énormément et j’ai aussi besoin de me faire connaître. Je partage des publications sur du coaching, de ce qu’est le coaching. C’est un mot que l’on utilise parfois pour tout et n’importe quoi.

Je suis Coach en humain. Le reste n’existe pas.

C’est quoi un Coach ?

C’est une personne qui en accompagne une autre dans un cheminement personnel qui consiste à questionner pour modifier le regard que l’on porte sur sa problématique, un événement, une situation, de manière à la changer. Il s’agit d’un travail sur l’humain. On m’a demandé récemment : « Tu es Coach en quoi ? ». Ma meilleure réponse est : je suis Coach en humain. Le reste n’existe pas. Le Coaching n’est pas du Conseil. Compte tenu des dérives aux conséquences parfois douloureuses, c’est une profession qui évolue et se dote d’un cadre légal plus exigeant.

Est-ce que le diplôme fait la qualité ?

La réponse est non ! La certification RNCP est encore récente. Dire à un bon Coach qui pratique depuis plus de 30 ans sans diplôme qu’il a besoin de la reconnaissance d’état du diplôme ne me semble pas nécessaire. Il faut toutefois pouvoir faire la différence entre des personnes qui font du Coaching ou disent faire du Coaching et des gens qui sont Coach. Être Coach, c’est un tout. Une posture, une écoute, des outils. On ne « fait » pas, on « est ». Beaucoup de centres de formation en Coaching recommandent que le Coach ait fait un travail sur lui-même, parce que les outils que l’on va utiliser sur nos clients, il faut quand même les avoir testés quelque part ! Il existe même une école qui demande à ses étudiants de suivre une psychothérapie. On a besoin de pratiquer pour être réellement Coach, même dans le cadre d’accompagnements gratuits comme cela se pratique souvent au début et pendant la formation.

Trois mots pour te définir ?

Fiabilité, c’est que l’on dit de moi, on peut se reposer sur moi.
Indépendant, car prendre une décision ne m’effraie pas.
Tenace, comme un chien avec son os !

J’aime la philosophie stoïcienne car elle n’est pas théorique.

Qu’est ce que tu n’as pas lâché ?

J’ai du mal à lâcher prise. Je travaille dessus, cela fait partie de mes axes de progrès. Je fais toutefois la différence entre ce sur quoi je peux agir et ce sur quoi je n’ai pas prise. Sénèque, Epictète et Marc Aurèle m’accompagnent sur ce chemin. J’aime la philosophie stoïcienne car elle n’est pas théorique. Je la pratique depuis 6 ans.

Marc Aurèle

Qu’est ce qui t’a conduit là ?

Un échec. J’étais chef d’entreprise et j’ai dû fermer mon entreprise en 2015.

Alors justement, la transition professionnelle est un des sujets que j’avais envie d’aborder avec toi aujourd’hui. Plus nous avançons en âge, plus nous sommes frileux à l’idée de faire ces transitions, et notamment en ce moment.

J’avais créé mon entreprise de développement international de marques en 2009. Il s’agissait de prendre un produit ou un service et de l’adapter à des contraintes marché et culturelles différentes. Avant cela, j’avais quelques faits d’armes à mon actif comme le lancement du parfum Jean-Paul Gautier en Arabie Saoudite. Comment faire accepter ce flacon représentant un buste de femme tout en formes ? C’était un bel enjeu et cela a été une belle histoire.
Mais il n’y a pas eu que des succès et j’ai très mal vécu la fermeture de ma société en 2015. J’étais en province à l’époque et je n’ai pas été accompagné dans cette situation difficile.

Qu’aimes-tu dans l’entrepreneuriat ?

Prendre des décisions.

Pourquoi ? Que veux-tu changer ?

Beaucoup de choses ! Créer une entreprise en 2018 a été simple, c’était dans la continuité de ce que je faisais avant, une activité d’apporteur d’affaires liée à la lutte contre la contrefaçon, un domaine que j’avais croisé dans mon passé en horlogerie et parfumerie. Aujourd’hui, dans ma nouvelle aventure entrepreneuriale, j’ai passé tout une année en formation, en 2020 pour apprendre deux nouveaux métiers. Il m’a fallu cette période de crise pour le faire.
Le premier pilier des Stoïciens est de s’occuper de ce que l’on peut changer. Le second, c’est l’éthique.

Et là-dessus tu es intraitable.

Complètement.

Qu’y a-t-il derrière la contrefaçon ? Je vois bien sûr un lien direct avec ton nouveau métier autour de la recherche de l’authenticité et la connexion à ses valeurs.

Pour moi, le mot, c’est l’intégrité. Cela va au-delà de l’authenticité. Quoi que tu fasses, tu ne peux changer en moi une partie de ce que je suis.
On parle beaucoup d’authenticité, de bienveillance, de résilience. Tous ces mots sont un peu galvaudés.
En fermant ma société, j’étais vraiment dans un sale état. Je me suis pris en main et j’ai suivi la ligne des Stoïciens.

Le stoïcisme t’a aidé à reprendre le pouvoir sur ta vie ?

Absolument. Beaucoup de ce que l’on trouve dans les livres de développement personnel vient de là. Les nouveaux auteurs qui préconisent, par exemple, d’écrire chaque soir ce que l’on a fait dans sa journée, en fait, il s’agit d’un devoir de stoïcien. Les stoïciens faisaient le bilan de leur journée en détaillant ce qu’ils avaient fait et de quelle façon, et aussi comment ils auraient pu mieux faire.

Finalement quand un sujet t’intéresse, tu reviens toujours aux sources.

Cela me paraît important. J’ai croisé des gens qui portent de prétendues nouvelles méthodes de développement personnel. Ce qu’ils proposent existe en réalité depuis bien longtemps mais leurs auteurs ne sont pas toujours faciles à lire.

Je suis l’alchimiste de vos ressources humaines

Pour mettre ces sujets à la portée de tous voire les faire évoluer, n’est-il pas toujours utile de les revisiter ? Nous avons besoin, en tout cas moi, de vulgarisateurs pour accéder à certains sujets, comme le fait Bernard Anselem autour des neurosciences.

Si tu cites tes sources, alors il n’y a pas de problème. C’est la différence que je fais entre ceux qui disent créer et ceux qui prennent et mélangent les concepts sans le dire.
Bernard Anselem fait cela de manière fantastique. Il ne s’approprie pas des découvertes mais les traduit. Comme Erwan Deveze qui partage aussi beaucoup de choses sur le fonctionnement de notre cerveau.
Cela touche le coaching. Notre pensée déclenche une émotion qui déclenche à son tour un sentiment, qui va nous pousser à une action. Et nous avons la capacité de modifier la vision de cette pensée. Le Coach est là pour permettre à la personne de regarder une situation sous un angle différent.
Il y a peu, on m’a demandé comment je pourrais illustrer ce que je fais. J’ai répondu : je suis l’alchimiste de vos ressources humaines. L’alchimie transforme. Les ressources, c’est ce que l’on a en nous pour agir. Ce qui est intéressant en coaching c’est de pouvoir regarder comment transformer une situation désagréable et se demander quelle serait la situation idéale dans des circonstances semblables. Le travail étant d’accéder à celle-ci.

Est-ce que tu tu présentes aujourd’hui comme « alchimiste des ressources humaines » plutôt que comme Coach ?

J’utilise cette image sur Facebook, Instagram, mais pas sur LinkedIn car j’ai deux métiers. Je suis également Formateur et j’aide les personnes à mieux utiliser cet outil qu’est LinkedIn.

Gerd Altmann – Pixabay

Qu’est ce qui rassemble ces deux activités ?

La transformation humaine. Formateur, c’est apporter de nouvelles connaissances et Coach, c’est modifier l’angle de vue. Pour moi, c’est très complémentaire.
Début 2020, lorsque mon activité a été gelée par la crise et sans horizon avant 2022, j’ai fait appel à un Coach pour essayer de trouver des réponses à ce que j’allais pouvoir faire mais la bonne question était bien sûr : « Qu’est ce que je voulais faire ? ».
J’étais déjà attiré par le métier de Coach et j’en connaissais plusieurs mais je ne me sentais pas capable de… le fameux syndrome de l’imposteur !
Après quelques semaines d’accompagnement je me suis inscrit à une formation de Formateur pour apprendre à transmettre des compétences et de Coach. L’un et l’autre ne sont pas innés.
Je me sens enfin très à l’aise dans ces nouvelles activités.

Je crois que notre mode de pensée et d’existence va changer.

C’est très cohérent avec la contrefaçon. Il y a l’intégrité mais il y a aussi la recherche de vérité, de la source. N’est-ce pas un peu décevant avec un humain souvent assez défaillant ?

Tu m’amènes dans une dimension que j’aime bien !
Je crois que notre mode de pensée et d’existence va changer. Le « monde d’après », si personne ne fait rien, n’a aucune chance d’advenir. Certains d’ailleurs n’ont pas intérêt à changer un système gagnant pour eux. Or ils sont minoritaires. Le système capitaliste qui, au départ, est un bon système, a été poussé dans ses excès les plus fous. On joue avec un capital, de l’argent qui n’existe pas et qu’il faut rémunérer. Ce système devient, de mon point de vue, pourri. Je crois sincèrement qu’il est amené à être profondément modifié.
Ceux qui gagnent beaucoup d’argent s’accrochent à un pouvoir de plus en plus élitiste. Il n’est pas dans la nature des grandes fortunes de partager.
Il y a également la prise de conscience du drame écologique en cours.
La première chose vers laquelle bien des gens peuvent se tourner n’est pas la religion mais plutôt la spiritualité. Donner du sens.

Il y a quelques jours, la Chine a décidé de payer son pétrole en Yuan convertible en dollars Hong-Kong. On n’en parle pas mais c’est la première fois que cela arrive. Cela signifie que le dollar n’est plus une valeur refuge. Le dollar est en train de se casser la gueule.
Le physicien Marc Halévy, lors d’une conférence en 2014, a dit que tout système s’effondre au bout d’une durée moyenne de 550 ans et que tout modèle doit se réinventer. Je pense que l’on arrive au bout de celui-ci et que nous sommes dans une phase de transition vers un autre système qui n’a pas encore de nom et qu’on ne sait pas encore inventer. Ce qui en ressort actuellement, c’est le besoin de sens et qui est notamment très présent dans les jeunes générations. Toutes les entreprises s’intéressent d’ailleurs aujourd’hui à la RSE.

Danone, devenue « Entreprise à mission », et dont le Conseil d’Administration vient d’évincer son PDG, Emmanuel Faber, est un bel exemple de résistance du système actuel !

Danone est un bon exemple. Une entreprise à mission mais avec des actionnaires qui réclament toujours plus et auxquels on va donner. Je t’invite à suivre sur LinkedIn Antoine Chaignot, ancien cadre de Danone. Il explique dans une très belle série d’articles comment un commercial d’une quarantaine d’années a été mis sur la touche et viré de ce groupe. Il écrit très bien.

Revenons, si tu veux à l’humain défaillant. C’est cela que tu veux changer ?

Waouh ! C’est une sacrée mission. Je n’aurais pas les épaules assez larges 😊 Contribuer à ma mesure plutôt. On peut très bien vivre en étant soi. Il n’est pas nécessaire d’aller chercher un autre modèle. Et puis être soi, cela fait du bien !
Ma base de réflexion Stoïcienne est une protection très efficace. Ce que pensent les autres, je ne peux pas le changer. A partir du moment où j’ai expliqué clairement ce que je fais, le regard des autres, cela leur appartient.

C’est pour cela que tu expliques, de façon très personnelle, ce que tu fais sous forme de rébus ?

C’est amusant parce qu’avec les rébus, j’ai trouvé un moyen détourné de parler de moi !

Les rébus, c’est une partie de moi.

Est-ce que tu crois que l’on parle d’autre chose que de soi quand on écrit ?

Je ne m’y attendais pas à celle-là ! Finalement, lorsqu’on écrit, je crois que oui, on écrit ce que l’on est, ce que l’on pense et comment on voit les choses. J’aime revenir à de vieux textes authentiques. J’ai cité L’évangile de St-Mathieu dans un court rébus : « Il te sera fait selon ta foi ».
Les rébus, c’est une partie de moi, de phrases qui font écho en moi et m’inspirent. J’ai récemment partagé une phrase de Einstein qui dit : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »

On peut la rapprocher de notre sujet précédent sur le système actuel, non ?

Et de bien d’autres choses aussi… Si on prend les personnes en recherche d’emploi qui envoient le même CV à 50/100/150 entreprises, et qui pensent que s’ils n’ont pas de réponse positive, c’est la faute du recruteur. Je pense que le problème est ailleurs.

Je vais te décevoir mais je n’ai jamais trouvé la clé de déchiffrage d’un rébus ! Je reste à la porte même si je trouve que c’est un outil de communication ludique et très original. Pourquoi l’as-tu choisi ?

Le rébus est un outil de formation. Toutes les formations actuellement se font à distance et délivrer un Powerpoint pendant 3 heures, ce n’est pas une très motivant.
Pour me former à la formation, j’ai choisi une femme, Isabelle Guenet, qui fait de la pédagogie ludique depuis 20 ans. Cela fait partie des belles rencontres réseau que j’ai pu faire. Elle m’a montré énormément de possibilités qui permettent de partager des connaissances en s’amusant et d’atteindre son objectif. Elle ne connaissait pas les rébus.
Lorsque j’anime une formation sur LinkedIn, les participants jouent. Autour de quizz, de mots à trous, et de rébus, sinon ce n’est pas drôle.

C’est important de s’amuser pour apprendre ?

Bien sûr. Cela met les gens en ouverture d’esprit. C’est très important pour moi et c’est quelque chose que j’ai appris en devant vendre dans des pays de cultures différentes.
Enfant, je voulais être pilote d’avion. Mon père et mon grand-père travaillaient chez Air France. Je n’ai pas pu réaliser ce rêve mais j’ai trouvé un autre moyen de parcourir le monde, en voyageant même plus que mon père !

Aujourd’hui tu voyages plus loin, à l’intérieur…

Ah oui ! Il faut aller dans les zones d’ombre pour voir la lumière.

Chris Barbalis – Unsplash

Qu’est-ce qui t’inspire ?

J’ai besoin d’entendre le bruit des vagues sur les rochers. Une vague qui claque me ressource. Je redécouvre aussi le plaisir des balades ces jours-ci.
Mes lectures du moment ce sont plutôt les livres de Coaching et de Formation, et puis les Stoïciens pour nourrir ma Newsletter.
J’ai lancé une première Newsletter il y a quelques semaines pour expliquer ce qu’était le Stoïcisme. J’avais envie d’expliquer comment j’utilisais cette base pour l’appliquer à mon métier.
Ça change un peu du « Comment je vais vendre », « Comment je vais marketer », et autres sujets courant sur LinkedIn et dans lesquels il y a finalement pas mal de bullshit autour de concepts connus.
Je ne m’attendais pas à un tel retour. J’ai eu 1800 abonnés sur cette première lettre !
Je vais préparer la suite avec grand soin. J’ai appelé la lettre : Postures et impostures.

Encore une invitation à éviter les contrefaçons ?

Je suis très aligné. J’avais envie de parler des postures du Coach, de l’Apprenant, du Manager, du Leader. Je pense que l’on peut apprendre à manager mais pas à être leader. De Gaulle était un Leader bien avant les événements que l’on connaît. Le leadership, c’est quasiment inné.
Mais ce n’est pas parce que tu as du leadership que tu feras un bon leader. Un leader peut aussi conduire vers l’impasse.
Lorsque je voyageais, j’aimais beaucoup adapter ma posture aux codes de mon interlocuteur, à Dubai, Moscou ou ailleurs. Sauf aux Etats-Unis, où je n’ai jamais réussi !

Pourquoi ?

Les façades sont trop difficiles à percer.

La première couche semble très accessible, et en Europe, nous sommes baignés de culture américaine pourtant, alors pourquoi ?

Parce que c’est faux.

Faux ou parce qu’il y a sur ce continent une multiplicité de sources ?

J’ai eu deux échecs commerciaux dans ma vie, dont un aux Etats-Unis. Quand on me dit : « This is great !», je le prends au premier sens du terme. Alors, je n’ai pas compris ce qui ne fonctionnait pas. J’ai toujours été plus à l’aise à l’Est qu’à l’Ouest.
Il faut prendre en compte l’histoire, la religion, des pays, elles ont un rôle prépondérant dans leur fonctionnement.

Je conclus sur ce besoin de « revenir aux sources »… Merci Hervé.

Jon Flobrant - Unsplash
John Flobrant – Unsplash

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